Qui allait libérer Paris ? C’était un enjeu important et on trouve des écrits à ce sujet. Les Américains auraient voulu être « les libérateurs de la France », ils avaient déjà un plan d’administration et de prise du pouvoir sur notre pays. De Gaulle en était très conscient et voulait que ce soit la 2e DB de Leclerc qui libère Paris, de plus il ne souhaitait pas que la Résistance dirigée à Paris par Rol-Tanguy, communiste, ait le rôle principal.
Quelques écrits à ce sujet :
https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/3120-la-liberation-de-paris-25-aout-1944.html
Début Août 1944 Paris est encore aux mains de la barbarie de la Gestapo et des SS. Les tortures et les exécutions continuent. Le 17 août encore, 35 jeunes résistants ont été fusillés à la cascade du bois de Boulogne.
Faudra-t-il attendre encore ? Que les nazis tuent avec toute la rage d’un monstre à l’agonie. Qu’ils détruisent Paris, comme l’a ordonné Hitler au commandant de la place, le général Dietrich von Choltitz. « Il ne faut pas que Paris passe aux mains de l’ennemi ou alors sous la forme d’un champ de ruines. »
Sans doute, un peu plus de deux mois après le Débarquement, la Bataille de Normandie est gagnée, même si la poche de Falaise, qui est le lieu d’une bataille d’une rare violence où les Allemands vont perdre plus de 5000 hommes, tués, et 40000 blessés dans ce qui sera appelé « le couloir de la mort », ne sera réduite que le 21 août.
L’armée allemande est encore constituée dans la capitale de 16000 hommes équipés de 80 chars. Pourtant, comme le notait Maurice Kreigel-Valrimont, l’un des trois dirigeants du comité d’action militaire des FFI avec Pierre Villon et Jean de Vogué, depuis quelques semaine, « la peur a changé de camp ».
Le 14 juillet, 20000 personnes ont manifesté à Belleville, encadrées par des Francs-tireurs et partisans en armes (FTP). Le 10 août, les cheminots se mettent en grève, puis c’est le métro et, trois jours plus tard la gendarmerie. Le 15, c’est au tour de la police, dans un spectaculaire retournement. Le 17, 500 détenus parviennent à s’évader de la Santé.
Rol-Tanguy, Commandant de la région parisienne des FFI, en appelle à toute la Résistance
Au sein du Comité parisien de libération, l’insurrection ne fait pas l’unanimité, les gaullistes Jacques Chaban-Delmas et Alexandre Parodi y sont opposés face aux communistes Rol-Tanguy ou André Tollet qui sont déterminés. La divergence est sans doute plus profonde. Pour les gaullistes, la Résistance est une force d’appoint militaire. Pour les communistes, elle est, elle doit être davantage, la levée en masse du peuple. Chaban, après un bref aller-retour à Londres où il a rencontré de Gaulle, trouve un tel climat à Paris qu’il se rallie à l’insurrection et à l’analyse, le pari peut-être, de Rol-Tanguy qui est d’en appeler à toute la Résistance, mais aussi d’appeler les citoyens aux armes.

Dès le 18 août les premières barricades s’élèvent à Ivry. Dans la nuit, des affiches couvrent les murs : « Nous appelons le peuple de Paris et de la banlieue à l’insurrection libératrice. »
Combats et bombardements feront 1 500 morts
Les FTP ont déjà pris la mairie de Montreuil, ils prennent celle d’Ivry. La CGT a décrété la grève générale insurrectionnelle. Les policiers occupent la préfecture le 19. Une brève trêve est négociée avec l’occupant. Elle ne tient pas devant l’élan qui soulève la capitale. La mairie est occupée à son tour. Un groupe de journalistes prend le contrôle de l’Office français d’information de Vichy et crée l’AFP, qui publie son premier communiqué : « Les premiers journaux libres vont paraître. » L’état-major de Rol lance : « Tous aux barricades ! » Hommes, femmes et enfants se mettent à la tâche. Arbres abattus, pavés, sacs de sable… On en comptera 600.
Mais il faut absolument tenir. Le commandant Gallois, un des adjoints de Rol-Tanguy, parvient à rejoindre le QG de Bradley et rencontre le général Leclerc, à la tête de la 2e DB, qui reçoit enfin l’ordre attendu de rouler sur Paris. Il y a un arrière-plan politique. Les Américains avaient le projet de placer la France sous leur administration, l’Amgot. L’insurrection parisienne, de fait, va les en empêcher.
Au-dessus des tours de Notre-Dame, un petit avion largue un message : « Tenez bon, nous arrivons. » Les Allemands ne lâchent pas et l’issue des affrontements, qui font de nombreux morts et blessés, est incertaine. On lit aujourd’hui encore les noms de combattants morts ces jours-là, dans les rues de la capitale. Les premiers chars arrivent dans la soirée du 24. À leur bord, les républicains espagnols de la Nueve intégrés dans la 2e DB, qui compte également 25 % de combattants maghrébins. Rien n’est encore joué. Depuis Longchamp, des batteries allemandes tirent sur la capitale. Combats et bombardements feront 1 500 morts.
Le 25 août, la 2e DB entre dans Paris. Les combats durent encore, mais Leclerc et Rol-Tanguy reçoivent à la préfecture de police la reddition de Dietrich von Choltitz. On sait que, déjà, les calculs politiciens auraient voulu écarter de la reddition allemande celui qui fut le chef de l’insurrection, mais en ce moment, les cloches de Notre-Dame sonnent à toute volée, les drapeaux tricolores remplacent les croix gammées. La liesse populaire est indescriptible malgré les morts, les blessés et les terribles cicatrices de quatre années. De Gaulle va entrer en scène : « Mais Paris libéré… »
(d’après les écrits de Maurice Ulrich, 19 août 2019, dans l’Humanité)
Les grands « oublis » de l’histoire
Il a été, et est encore, souvent passé sous silence le rôle des républicains espagnols, le rôle des soldats d’origine africaine, dans la libération de notre pays.
Un exemple : la demande États-unienne : A une époque où la ségrégation raciale existe aux États-Unis, les Américains demandent que les bataillons français et anglais défilant lors de la Libération soient « exclusivement blancs » (« white only »).
Ces hommes et ces femmes qui ont libéré Paris
Henri Rol-Tanguy – Le déclencheur de l’insurrection
Henri Tanguy (Rol est son nom de Résistance, en hommage à un camarade mort en Espagne), ouvrier métallurgiste, responsable de la CGTU, né en 1908 à Morlaix et membre du PCF dès l’âge de 17 ans, s’est engagé dans les Brigades internationales en Espagne en 1937. Résistant de la première heure, devenu en juin 1944 chef des FFI d’Île-de-France, le colonel Rol-Tanguy coordonne la libération de la capitale depuis son poste de commandement souterrain, place Denfert-Rochereau. Le 18 août, il décrète la mobilisation générale.
Philippe de Hauteclocque – Le général Leclerc, chef de la 2e DB
André Tollet – Le Comité parisien de la libération
Ouvrier-tapissier dans le faubourg Saint-Antoine, né à Paris en 1913, membre de la Jeunesse communiste puis du Parti communiste, militant syndical, André Tollet entre en clandestinité dès 1940. Il est en liaison constante avec Benoît Frachon afin d’unifier les forces militantes de la CGT. Sous son impulsion, le Comité parisien de la libération (CPL), qu’il préside, joue un rôle premier dans l’insurrection parisienne sur le terrain, en accord avec le CNR et Rol-Tanguy. Finalement, installé à l’Hôtel de Ville, le CPL devient la municipalité de fait.
Pierre Courtade-Cabessanis – À la naissance de l’AFP
Le 20 août 1944, un petit groupe de résistants investit l’Office français d’information (OFI), créé par Vichy, et donne naissance à l’Agence France Presse (AFP). Pierre Courtade-Cabessanis fait partie des huit journalistes qui gagnent l’immeuble de l’ex- Agence Havas, qui abrite l’OFI depuis quatre ans. Né en 1915 dans les Hautes-Pyrénées, il a commencé au Progrès de Lyon en 1939. Il restera très peu à l’AFP, il rejoindra la rédaction d’Action (1944-1946), puis celle de l’Humanité, à la rubrique internationale, jusqu’à sa mort en 1963.