Juin 1944 dramatique : Lesconil Plomeur Plonivel La Torche Ile Tudy

Le 6 juin 1944 quatre allemands sont capturés à Plomeur par des résistants qui les cachent ensuite à Plonivel.
Une répression violente s’en suit avec une rafle à Lesconil, puis dans tout le canton. De nombreuses arrestations.
Et les 15 et 23 juin 15 résistants de Lesconil sont fusillés à La Torche.


UN RÉCIT de Jean-Claude QUIDEAU, « Du sang sur le sable de La Torche »

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UNE PAGE DE L’HISTOIRE DE LESCONIL 
HOMMAGE AUX RÉSISTANTS DE LESCONIL MORTS POUR LA FRANCE

par Charles CHALAMON , Sénateur au Conseil de la République,
Président d’honneur du Conseil Général de Seine et Marne

LA TRAGÉDIE DE JUIN 1944

Pour tous les Français, le mois de Juin 1944, qui a vu le débarquement des Alliés sur les côtes de Normandie, leur a apporté un immense espoir.
Fini le cauchemar qui durait depuis quatre années, fini l’asservissement total sous le joug ennemi, terminés les emprison­nements, les tortures sans nom, les déportations, les chambres à gaz et les fours crématoires où l’ennemi exécré avait en quelque sorte organisé industriellement la mort et la disparition des êtres humains, considérés comme suspects ou coupables d’appartenir à une race qu’ils détestaient.
Oui, fini tout cela. Et, sans voir le danger toujours exis­tant, tant que l’ennemi serait présent, les jeunes de la Résistance prenant leurs désirs pour des réalités, avec la fougue de leur âge, dédaignant les conseils de prudence qui leur étaient donnés en haut lieu, brûlant d’une impatience excusable, prirent en beaucoup d’en­droits des initiatives qui souvent, trop souvent, furent funestes à eux mêmes ou aux populations qu’ils avaient le désir de défendre.
Les Résistants de Lesconil, qui tous étaient jeunes et ardents, n’échappèrent pas à cette manière de comprendre la situa­tion et ce fut la cause du drame qui, commencé le 6 Juin se termina à la fin de ce mois dans le chagrin des familles qui y perdirent un ou plusieurs êtres chers et aussi dans l’affolement de toute la popu­lation terrorisée par les brutalités sanglantes de l’ennemi.

LE MARDI 6 JUIN 1944, LE DRAME COMMENCE

Le 6 Juin 1944, les Résistants de Lesconil arrivent à Plomeur, au moment où deux soldats allemands d’origine russe, parlementaient avec le Maire au sujet d’un collage d’affiches qu’ils étaient en train d’effectuer. Ces deux soldats sont faits prisonniers par les Résistants qui étaient venus à Plomeur dans le but de participer à une distribution d’armes qui, pour des raisons inconnues, n’eut pas lieu. Deux autres soldats ennemis, conduisant une charrette à cheval contenant le courrier, arrivent au même endroit quelque temps après. Le cheval dételé par les Résistants est laissé errant sur la voie publique, la charrette est remisée dans une cour de ferme ; les deux allemands sont faits prisonniers.

Ces quatre prisonniers sont conduits, au cours de la nuit, à Plonivel, dans l’ancien presbytère désaffecté et inhabité.
Les Résistants gardent les prisonniers allemands toute la nuit à Plonivel ainsi que les journées du 7 et du 6 Juin.
Mais les unités allemandes de la région s’étant aperçues que quatre soldats de chez eux manquaient à l’appel, font une enquête au cours de laquelle, elles trouvent dans les champs des environs de Plomeur, des masques à gaz déchiquetés et piétines ainsi qu’un panta­lon de soldat allemand.Elles en déduisent que leurs soldats ont été assassinés et leur chef, en proie à une fureur visible, déclare que si ses hommes ne sont pas retrouvés vivants, des représailles terribles s’en suivront.En attendant, ils prennent dix otages dont Monsieur le Maire de Plomeur et Monsieur Moulin, Directeur d’Ecole à Lesconil qui habitait Plomeur à ce moment là. Ayant appris les menaces terribles dont la population était l’objet, trois Résistants de Lesconil, les plus âgés, compre­nant le tragique de la situation et considérant que des victimes innocentes pourraient en pâtir, prennent la résolution d’aller trouver leurs camarades gardiens des quatre prisonniers pour leur montrer la nécessité de les relâcher afin d’éviter des représailles sanglantes. Ces Résistants étaient Corentin Divanach, Faou Julien qui partirent les premiers. En cours de route, ils alertèrent Etienne Cariou qui terminait des travaux de peinture dans sa maison. Au premier abord, il refusa de les accompagner mais, comprenant par la suite que son devoir était de faire la démarche avec eux, il les rejoignit quelques instants après. C’est donc à trois qu’ils se rendirent à Plonivel.On était le 8 Juin. Mais les allemands, de leur côté, n’étaient pas restés inactifs. Le vendredi 9 à l’aube,ils font une rafle dans les fermes de Brézéan où les Résistants sont cantonnés.Ils en arrêtent sept : Joseph Trébern, Georges Donnart, Corentin Le Béchennec, Corentin Durand, Emile Stéphan, Lucien Dréau, Larnicol Louis qui sont conduits à Saint-Gabriel, la maison d’édu­cation de Pont l’Abbé, qui avait été transformée en prison. Les Résistants qui gardaient les prisonniers à Plonivel, à la suite de la démarche faite auprès d’eux par Corentin Divanach et ses camarades, démarche qui reflétait l’opinion quasi générale des Résistants de Lesconil, étaient devenus très perplexes sur la suite à donner à leur action, se demandant s’il fallait relâcher les prisonniers. Dans l’après-midi, un nombre important d’allemands arrive dans plusieurs véhicules aux environs de Plonivel. Dans l’un de ces véhicules se trouvait le jeune Lucien Dréau qui avait été arrêté le matin.
Ces allemands avec toutes les précautions d’usage s’approchent de Plonivel qu’ils cherchent à encercler; il pouvait être 15 heures, des coups de feu éclatent, un des fils Volant, Antoine, cherchant à s’échapper est tué près de Kervéol par un soldat ennemi. Yves Volant, son frère, qui était dans ces parages essaya lui aussi de se sauver, il fut tué alors qu’il était en train de traverser le Steïr.
Les allemands, après avoir délivré leurs prisonniers procédè­rent à l’arrestation de tous les Français Résistants qui se trouvaient dans le presbytère et les conduisirent ensuite à la prison Saint-Gabriel, ces Résistants étaient : Ange Trébern, Pierre Quéméner, Pierre Daniel, Yves Biger, Jean-Marie Cadiou.
Le 11 Juin, Louis Larnicol, un jeune instituteur du Morbihan, originaire de Lorient, qui était venu se réfugier à Lesconil où il avait de la famille fût arrêté. Mis en cellule à Saint-Gabriel , il fut tué par un allemand avec lequel il avait eu une altercation et dont il avait voulu se saisir de l’arme. L’allemand qui s’était rebiffé lui fracassa la tête.
Le 9 Juin, Nicolas Stéphan et son fils Pierre, étaient arrêtés à l’Atlantic Hôtel; à leur domicile, tandis que François le Bec, Thomas Castric, Alphonse Primot, Louis Primot, Yves Lebrun, Sébastien Bargain, Ernest le Donche, Jean-Louis Durand, qui avaient passé la nuit précédente dans les fermes environnantes de Lesconil, furent arrêtés alors qu’étant sur les routes, ils rentraient chez eux. Conduits à Saint-Gabriel, ils furent relâchés le 14 Juin.
A la suite de tous ces tragiques incidents, le canton tout entier, fut mis en état de siège.
Le lundi 12 juin, une rafle eut lieu à Lesconil ; tous les hommes de 17 à 70 ans furent arrêtés et conduits à l’usine Maingourd où ils subirent un interrogatoire d’identité. Un triage fut effectué et les Résistants furent placés provi­soirement dans le magasin à sel. Six Résistants sont arrêtés et conduits à Saint-Gabriel. Ce sont : Etienne Cariou, Corentin Divanach, Julien Faou, Prosper Quéméner, Armand Primot, Albert Larzul. Trois autres : Sébastien Nédélec, Jean Coîc, Daniel Gentric furent conduits à Saint-Charles à Quimper, le 24 Juin. Pierre Le Moigne, Sébastien Cossec, malades, furent remis, pour soins, à l’hôpital de Quimper; en surveillance. Ils rentrèrent dans leurs foyers à la libération de Quimper.
D’autres habitants avaient été arrêtés à la rafle du 12 Juin. Ce furent les nommés : Antoine Bargain, Nicolas Buanic, Cadiou Louis, Mathieu Cossec, Marcel Garrec ; conduits à Saint-Gabriel; ils furent libéré s le 15 Juin.
Louis Volant, Emile Quéffélec, Marcel Quéffélec, arrêtés eux aussi le 12 Juin, furent conduits le 13 à Saint-Charles à Quimper et libérés le 4 Août à la libération de cette ville. Enfin, onze victimes de la rafle du 12 juin furent envoyées en Allemagne dans les services du travail obligatoire (S.T.O.). Ce sont : Théodore Biger, revenu malade et décédé un an après son retour, Gabriel Faou, Sébastien Cap, René Durand, Gaston Lucas, Jean Kerhom, Louis Cossec, René Le Pape, Louis Pérès, Laurent Larzul, Georges Dachy, Jean Cornec qui rentrèrent à Lesconil à la libération. Georges Dachy, réfugié de Roubaix retourna dans cette ville.
Antoine Buanic, Maurice Stéphan, furent arrêtés le 19 Juin, au retour d’une campagne de pêche. Conduits à Saint-Gabriel, puis à Saint-Charles, puis à Fresnes, avec Emile Stéphan, Lucien Dréau, Sébastien Nédélec, Daniel Gentric, Jean Coîc, ils subirent le sort suivant :
Antoine Buanic, déporté en Allemagne, après être passé au camp de Dora, est mort à Erlich. Emile Stéphan, Lucien Dréau, Sébastien Nédélec, Daniel Gentric, Jean Coïc, arrivés à Fresnes, le 30 Juin, y furent maintenus comme otages et libérés le là Août à la libération de Paris sur l’intervention du Consul de Suède et de la Croix Rouge Française, après un échange de pri­sonniers où il fallait donner cinq allemands pour que ceux-ci libèrent un Français.

FIN JUIN 1944, LE DRAME SANGLANT EST ACHEVÉ.
Nous arrivons enfin aux moments les plus tragiques, les plus douloureux de ce terrible calvaire. Il est indéniable que dans cette affreuse affaire, les allemands opéraient à coup sûr. Ils possédaient la liste des communistes, celle des Résistants. Leurs propres services avaient fait les repérages nécessaires, mais des dénonciateurs peuvent aussi avoir fait leur oeuvre néfaste. Peut-être, nos ennemis ont-ils entendu certaines paroles imprudentes qui, iso­lées, ne signifiaient rien, tandis que groupées, rapprochées, elles leur permettaient de savoir ce qu’ils voulaient.Partout en France, on a assisté aux mêmes moyens employés.
Le 10 Juin, neuf Résistants passèrent devant une cour martiale qui, après un jugement sommaire, les condamna à mort ; le 15 Juin suivant, ils étaient fusillés à la Torche. Ces neuf braves se nomment : Joseph Trébern, Georges Donnart, Lucien Durand, Corentin Le Béchennec, Ange Trébern, Pierre Quéméner, Pierre Daniel, Yves Biger et Jean-Marie Cadiou.
Le 22 Juin, six nouveaux patriotes passaient devant la même cour. Condamnés à mort, ils furent fusillés à la Torche le 23 Juin. Ces six bra­ves s’appellent : Etienne Cariou, Corentin Divanach, Julien Faou, Prosper Quéméner, Armand Primot et Albert Larzul. Si l’on ajoute aux quinze de ces deux listes : Antoine Volant, tué à Kervéol en combattant, ainsi que Yves Volant, tué alors qu’il traversait la lande de Brézéan, Louis Larnicol, assassiné à la prison Saint-Gabriel, Antoine Buanic, décédé au camp d’Erlich, Théodore Biger, décédé à son retour d’Allemagne, nous arrivons au chiffre de vingt morts.
Pendant la séjour des Résistants à Saint-Gabriel, ils y furent copieusement battus. A Saint-Charles, à Quimper, ils furent, terrorisés, introduits dans la chambre à tortures ; mais l’ennemi ne mit pas ses menaces à exécution.
Ces événements douloureux eurent des répercussions dans les communes voisines. C’est ainsi qu’à Plomeur, le Maire, Louis Mehu et M, Isidore Garo, son secrétaire de mairie, furent arrêtés. Le 7 Juin, le maire fut assassiné dans sa cellule à Saint-Gabriel. Le secrétaire, envoyé en déportation en Allemagne, y est mort de dyssenterie.
A l’île Tudy, quinze Résistants sont envoyés en déportation ; un seul est rentré. A Léchiagat, à Guilvinec, les rafles donnèrent les mêmes résultats. Vingt deux morts pour la région de Lesconil, voilà le bilan tragique.
Les corps des fusillés de la Torche, retrouvés le 6 Août, fu­rent d’abord inhumés, à titre provisoire, à Plobannalec. Les deux frères Volant furent retrouvés à Poulgen en Penmarc’h. Les sépultures définitives de ces héros sont maintenant dans le cimetière de Lesconil où des funé­railles imposantes leur ont été faites.
Un monument a été élevé à la Torche à l’endroit où ont été fusillés ces victimes. L’inauguration en a eu lieu en présence de M. le Secrétaire Général de la Préfecture et de nombreuses notabilités de la région.
Voilà, mes Chers Amis, retracées ces quelques pages, largement teintées de sang innocent et qui appartiennent à l’histoire de votre chère Commune.
Voilà retracées par la photographie les images de vos petits, de ces pauvres gosses qui, à un moment de leur vie, oubliant le danger, se sont dressés contre l’envahisseur.
J’ai pensé, moi qui aime tant votre charmant port de pêcheurs, vos landes, vos bois, votre océan, ce réservoir immense d’où vous tirez ce qui fait votre prospérité et votre bien être, qu’il fallait que les populations qui montent sachent ce qu’a été l’histoire en Juin 1944 »

Je remercie tous ceux qui m’ont permis d’écrire cette brochure où je me suis efforcé de glorifier le souvenir de toutes ces victimes de la barbarie allemande.
Ch. CHALAMON
A cette liste, déjà trop longue, il faut ajouter :
Alain Le Lay, arrêté en Novembre 1941 à Brest envoyé à Compiègne puis à Auschwitz où il est mort en 1942,
Le Donche Yves du groupe de Résistance « Vengeance » arrêté le 2 Janvier 1944 à Audierne, envoyé à Saint-Charles, puis à Compiègne et enfin à Auschwitz où il est mort en Avril 1944,
Le Morzadec Pierre, Résistant, est mort brûlé à Saint-Nicodème (Côtes-du-Nord) alors qu’il transportait des munitions dans un camion que les alle­mands firent sauter.

AUX HABITANTS DE LESCONIL

Permettez moi de vous appeler : « Mes chers Amis », vous qui m’accueillez, ainsi que ma famille, avec tant de sympathie depuis une quarantaine d’années et de vous dédier cet hommage écrit à la mémoi­re de « Ceux de la Résistance », qui, en Juin 1944, au cours du drame tragique qui a atteint votre population, en y apportant l’angoisse et la terreur, ont fait le sacrifice de leur vie, pour une cause admirable, la défense de notre chère Patrie.
Ces lignes, consacrées à la mémoire de ces chers petits gars, sont écrites sans parti pris politique ou philosophique d’au­cune sorte ; elles s’élèvent au-dessus de la mêlée.
Quand la Patrie est menacée, quand tout ce qui constitue sa grandeur : les souvenirs du passé, les sacrifices consentis, le labeur dans tous les domaines de tous ceux qui nous ont précédés et qui ont fait de notre France la grande nation appréciée du monde en­tier, quand enfin, notre Patrie traverse des jours particulièrement difficiles, l’union de tous ses enfants devient une nécessité absolue.
C’est donc, dans le sentiment le plus élevé, le plus profond, le plus noble d’une union sacrée qui devra toujours nous réunir, que j’écris ces quelques pages dédiées à la mémoire de vos enfants, victi­mes de la barbarie allemande.
Charles CHALAMON


Une précision envoyée par Vincent Le Floc’h à Gaston Balliot

Voici les informations que je peux te communiquer concernant le trajet suivi par les 4 prisonniers allemands encadrés par les résistants de Lesconil.

Les circonstances du récit : Un soir de fêtes patronales, je me retrouve dans un bar, à côté d’un autre consommateur que je ne connaissais pas et qui attendait comme moi, qu’on le serve, avant de prendre le chemin du retour à la maison. J’ai dû manifester mon impatience en breton. Mon voisin, en bon bigouden, bretonnant comme moi, en profite pour en savoir plus sur moi. Hyacinthe Le Borgne -c’est son nom- me dit aussitôt : « D’où es-tu ? Quand je lui réponds : »de Plobannalec; plus précisément du quartier de Plonivel », il commence par me dire qu’il a de la parenté dans ce quartier. Ayant fait quelques recherches de généalogie, j’ai compris par quel biais il était parent à la famille qu’il me signalait. J’ai aussi vite compris que cette information n’était qu’un prétexte pour me parler d’autre chose : les événements de juin 1944.

« Sais-tu ce qui s’est passé dans ton quartier en 1944 ? » « oui, » lui réponds-je. Et il se met à me raconter les événements que voici. IL était à l’époque jeune ouvrier agricole (mevel en breton), depuis sa sortie de l’école primaire et travaillait dans une des fermes de Trevule, près de Kernel, tout à fait à l’Est de la commune. Il ajoute même que, par manque de place, il dormait dans le même lit qu’un des fils de son patron. Au milieu de la nuit du 6 au 7 juin, on se met à frapper sur la porte d’entrée de la maison. C’était les 4 prisonniers allemands et les résistants de Lesconil qui les encadraient. Ces derniers demandent un lieu fermé pour y passer au moins le reste de la nuit. Le patron leur donne une grange. Le lendemain, 7 juin, on donne aux prisonniers allemands les restes de pommes de terre qui n’avaient pas été consommées la veille car, précise-t’ il, c’était l’époque des foins et on cuisait toujours plutôt plus que moins pour les travailleurs. Il ajoute d’ailleurs que c’est sans doute grâce à cela (la nourriture donnée aux Allemands) que le patron n’a pas été inquiété par la suite. Par précaution, toute la bande reste dans la grange de Trevule la journée du 7 juin. Ils reprennent la route dans la nuit du 7 au 8 juin, direction l’ancien presbytère inoccupé de Plonivel qui avait été mis à la disposition des résistants de Lesconil par le propriétaire, l’avocat Bounoure de Quimper, résistant lui-même, qui l’avait acheté juste avant la guerre (en 1938 me semble-t’ il). Que faire de ces encombrants prisonniers ? La décision a été prise de leur faire creuser leur propre tombe. Un autre témoin habitant à l’époque non loin de là, m’ en a montré l’endroit précis . Les prisonniers allemands devaient y être exécutés. Le 9, à partir de 15 heures, le quartier est encerclé et les feux retentissent. La jument de mon oncle, qui travaillait dans l’un de ses champs, a été blessée par une balle perdue, à quelque centaines de mètres du presbytère. Les frères Volant ont été tués en voulant s’enfuir et les autres résistants sont faits prisonniers. Selon leur habitude, les Allemands (des « Russes blancs », mercenaires venant du Caucase, plus exactement) ont mis le feu à l’ancien presbytère avant de quitter les lieux. Habitant à 1,5 km environ à l’Est de Plonivel, je me souviens de ce soir du 9 juin avec les fumerolles continuant à s’élever au-dessus de l’ancien presbytère. J’avais été planqué dans la maison par mes parents et, de ce fait, je n’ai pas pu voir les flammes de l’incendie, ce qui ne fut pas le cas, 2 mois plus tard, quand c’est le centre de munitions de Kerhervant qui a brûlé au moment du départ de l’occupant. Qui a dévoilé le lieu où étaient cachés les prisonniers ? Mystère. Des noms ont circulé . La suite, tu l’as évoqué : le regroupement de tous les hommes de 15 à 50 dans la cour de l’usine Maingourd le 12 juin et l’arrestation de nouveaux prisonniers reconnus par les 4 prisonniers allemands, les fusillés de la Torche.

Je te mets en PJ une photo prise en octobre p 1946 par le recteur de Plobannalec de l’époque, Christophe Jézégou, au moment de son départ de la paroisse. Pour compléter ce témoignage, il faudrait établir le trajet supposé de Trevule à Plonivel, à partir d’un plan antérieur au remembrement de 1972, avec le tracé des anciennes routes. Manifestement, ils ont dû éviter le bourg de Plobannalec.