Alain SIGNOR

SIGNOR Alain, Pierre, Marie [LE SIGNOR dit]

Né le 28 septembre 1905 à Pont-l’Abbé (Finistère), mort le 6 février 1970 à Menton (Alpes-Maritimes) ; instituteur ; membre du comité central du PCF ; député communiste du Finistère (1946-1955).

Alain Signor député

Le nom de Le Signor fut annulé par décision de justice et transformé en Signor en 1949. Les parents d’Alain Le Signor, domestiques de ferme, vinrent à Pont-l’Abbé après leur mariage en 1903 et travaillèrent comme manœuvre. Le père mourut en 1911 et la mère exploita un commerce de bière, boissons gazeuses et confiserie qui employait en 1933 un frère d’Alain, son beau-frère et deux employés. Le Signor, élève du cours complémentaire de Pont-l’Abbé, entra à l’École normale d’instituteurs de Quimper (promotion 1921-1924) et obtint le brevet supérieur. Il enseigna en pays bigouden (Plomeur puis Plobannalec-Lesconil) jusqu’en 1940. En janvier 1924, il adhéra au syndicat des membres de l’Enseignement (CGTU) dans lequel l’influence de militants anarcho-syndicalistes comme Josette Cornec et Jean Cornec était forte. Il fut le secrétaire adjoint de la section départementale du syndicat « unitaire » de 1930 à la fusion dans le Syndicat national des instituteurs en 1936.

Après son service militaire effectué comme soldat de 2e classe au 106e régiment d’Infanterie de Châlons-sur-Marne de 1925 à 1927, Le Signor épousa le 4 décembre 1927 à Pont-L’Abbé, Yvonne Guillaumat, qui, née de père inconnu, abandonnée par sa mère, fut élevée par Charles Le Signor, un simple homonyme, un maçon qui militait avant la guerre à la SFIO, fut secrétaire du syndicat du bâtiment de Pont-l’Abbé en 1913-1914 puis resta fidèle lecteur de l’Humanité après la guerre. Ouvrière brodeuse puis ménagère à partir de 1927, elle était présentée par son mari comme sympathisante communiste « mais son attachement au foyer est encore plus grand. » Après la guerre, sans profession, elle adhéra au Parti communiste français. Le couple eut cinq enfants.

Le Signor fonda une section des Jeunesses communistes à Pont-l’Abbé en septembre 1924. Secrétaire de la Xe Entente des Jeunesses communistes, il adhéra au Parti communiste le 12 mai 1927, ce qui en fit en 1953 l’un des deux plus vieux adhérents de la direction fédérale du Finistère avec Pierre Salaün (adhérent depuis 1925), ouvrier papetier, maire de Scaër après 1945. Secrétaire du rayon communiste de Pont-l’Abbé de 1927 à 1939, il devint membre du comité de la région communiste de Bretagne en 1930, secrétaire du comité départemental, responsabilité étendue au secrétariat de la région bretonne Finistère-Morbihan lors de sa création en juin 1934. Placé à la tête des délégations bretonnes en 1936 au congrès de Villeurbanne, en décembre 1937 au congrès d’Arles où il défendit la politique de la « main tendue », il fut élu membre suppléant du comité central. Depuis 1935, lors de sa re-création, il dirigeait le journal hebdomadaire régional La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime. Candidat aux élections législatives d’avril 1936 dans la troisième circonscription de Quimper, il obtint 15,5 % des voix et se désista pour le député sortant radical-socialiste Albert Le Bail, favorable au Front populaire. Dans ce fief électoral des Le Bail, père et fils, la percée communiste, notamment dans les ports de pêche, n’était pas négligeable.

Non mobilisable pour des raisons de santé (ancien tuberculeux, difficultés cardiaques) en septembre 1939, inscrit au carnet B depuis 1927, Le Signor fut astreint à résidence forcée dans l’arrondissement de Quimper au 1er octobre 1939. Puis il reprit son travail en octobre 1939. Selon Eugène Kerbaul, il contribua à la mise en place des premières structures clandestines du Parti dans le Sud-Finistère. Le 17 septembre, son domicile avait déjà été perquisitionné. Il fut suspendu de ses fonctions par décision préfectorale du 18 novembre 1939 qui, sans doute, ne reçut pas d’application. Selon ses Souvenirs d’un militant, il subit en janvier 1940 de nombreuses pressions de l’inspecteur d’Académie et de la police : demande de condamnation de l’URSS et du pacte germano-soviétique. La suspension de son poste d’instituteur en février fut suivie d’une nouvelle perquisition policière le 13 mars 1940. La police cherchait à éliminer les cadres qui tentaient de réorganiser les communistes. Arrêté le 25 mars. interné à l’île d’Yeu puis, à la fin d’avril 1940, au camp de Saint-Angeau près de Riom-ès-Montagne (Cantal), il s’évada de ce dernier, le 15 septembre 1940. Révoqué le 28 octobre 1940 avec deux autres instituteurs du Finistère, Jean Cornec et Charles Drapier, il participa dès lors à la Résistance en zone sud. Responsable régional à Grenoble (Isère) en 1941, au début 1941, il prit la direction clandestine du Parti communiste dans la région marseillaise, remplaçant Caresmel. Après l’arrestation de Barthel (Jean Chaintron) en mars 1941, envoyé à Lyon, il devint instructeur du comité central, puis membre de la délégation du comité central en zone Sud jusqu’à l’été 1944 du triangle de direction avec Léon Mauvais et Hubert Ruffe. Il participa à la préparation des grèves, à l’organisation paysanne dans les villages, la constitution de comités de défense et d’action paysanne, à la préparation de l’insurrection à Marseille en juillet-août 1944. 

Dans ses professions de foi, il écrivait que ses « services dans la Résistance étaient homologués du 1er septembre 1940 au 1er septembre 1944 avec le grade de lieutenant-colonel » et se présentait comme un grand invalide de la Résistance.

En novembre 1944, Alain Le Signor revint dans le Finistère où il joua un rôle important dans la mise en place de la nouvelle direction d’une fédération en plein essor, s’occupant de la sélection et de la formation des cadres. En mars 1945, il était membre du secrétariat du PCF du Finistère et fit de Gabriel Paul le secrétaire fédéral qui devint député en septembre 1945. Il fut lui-même élu au comité central lors du congrès de 1945 et occupa des responsabilités dans la section idéologique, dans la section de propagande. Il fut aussi nommé à la direction des Cahiers du Communisme où ses choix sur le contenu des articles furent parfois critiqués. Il séjourna à Moscou (septembre 1945 – mars 1946) comme correspondant de l’Humanité et représentant du PCF. Il milita après son retour en France à l’association France-URSS. Reconduit comme membre du comité central par le congrès de 1947, il fit partie d’une délégation du comité central dans les Antilles françaises (septembre-octobre 1947).

Le 10 novembre 1946, Alain Signor fut élu député du Finistère en troisième position sur la liste « d’union républicaine et résistante », avec Pierre Hervé et Gaby Paul, la liste communiste recueillant 27,84 % des suffrages (plus 10 000 voix depuis juin 1946) et 3 sièges sur 10. Durant la campagne, Signor s’était signalé par son antisocialisme. En tête de la liste communiste, il fut réélu le 17 juin 1951, ainsi que Paul (20,93 % des suffrages). Lors de ses mandats, il fut membre des commissions de l’agriculture (1946-1947), de l’Éducation nationale (1949-1951), et surtout de la Marine marchande et des pêches (1946-1951). A la Chambre, il fut très actif : défense des agriculteurs, des pêcheurs, des normaliens et des écoles normales dont il devint le spécialiste, tout en protestant contre la guerre d’Indochine.

Lors de la conférence fédérale de février 1949, présidée par Jeannette Vermeersch, une véritable « purge » frappa le comité fédéral : 24 nouveaux membres y entrèrent avec la promotion de Daniel Trellu, ancien chef départemental des FTP, comme secrétaire fédéral. Cette mesure résultait de la crise politique de la fédération du PCF du Finistère en 1948-1949, marquée notamment par la démission de Pierre Hervé de son siège de député le 15 juin 1948. Bien qu’ayant quitté le comité central, Signor, dans le Finistère, participa à la reprise en main et au durcissement de la ligne du parti et de la CGT. Selon les Renseignements généraux, la direction Trellu-Signor fut chargée d’écarter les militants considérés comme « titistes, déviationnistes ou mous ». En mars 1949, ils présentaient Signor comme « très autoritaire et sectaire ». Les autocritiques, les mises à l’écart de cadres et les exclusions se succédèrent.

Signor fit partie des 26 membres (15 titulaires et 11 suppléants) écartés lors du XIIe Congrès du PCF en avril 1949. Ses liens avec Charles Tillon inquiétaient la direction du PCF.

Au printemps 1950, une série de grèves violentes secoua le Finistère. Le 14 avril, une manifestation de femmes de l’Union des femmes françaises à Brest se solda par l’arrestation de la députée communiste Marie Lambert et de deux cadres du Parti. En effet, du 17 mars au 24 avril 1950, une longue grève des ouvriers du bâtiment brestois, organisée par un comité intersyndical CGT-FO-CFTC et soutenue par les ouvriers de l’arsenal, les traminots, les cheminots, les dockers et les agents de la Sécurité sociale, se termina tragiquement. Le 17 avril, lors d’une manifestation de protestation de 5 000 personnes contre l’intransigeance patronale, l’ouvrier communiste Édouard Mazé, frère du secrétaire général de la CGT du bâtiment, fut tué au cours d’affrontements avec la police d’une balle en pleine tête. Il y eut une cinquantaine de blessés dont quatre par balles et seize arrestations dont celles de deux députés du PCF. Une foule immense et traumatisée participa aux obsèques de Mazé le 19 avril. Arrêté le soir même, Signor fut bientôt relâché ainsi que sa collègue alors que Jacques Duclos interpellait le gouvernement contre la violation de leur immunité parlementaire. Les deux députés finistériens furent condamnés à six et cinq mois de prison avec sursis. Dans le procès en appel, il fut défendu par les avocats Léo Matarasso et Marcel Willard.

Durant cette période, l’affrontement entre les communistes et les socialistes SFIO dirigés par Tanguy Prigent était très virulent. Reflet de cette politique sectaire, Signor conduisait, pour la première fois, la liste du PCF dans le Finistère aux élections législatives du 17 juin 1951 (six listes sans apparentements). Le PCF devançait encore nettement la SFIO (16,1 %) qui avait stabilisé son score de 1946. Mais avec 20,9 % des suffrages exprimés (moins 27 345 voix) au lieu de 27,8 % en novembre 1946, il perdait un siège de député dans le Finistère.

Aux élections législatives de janvier 1956 (9 listes), après un nouveau changement de direction fédérale et la dénonciation du sectarisme passé, Signor fut écarté de la liste du PCF alors que Gaby Paul et Auguste Penven étaient élus députés (18,6 % des voix). Marcel Servin qui suivait le fédération, dans son rapport sur la réunion du comité fédéral en mai 1956, indiquait que le recul aux élections provenait d’une mauvaise politique vis-à-vis des catholiques et d’un repli sur soi.

Alain Signor n’appartenait plus aussi à la direction fédérale, devenant membre du seul comité de la fédération en 1953. Selon le rapport de Servin, la conférence fédérale en mai 1956 ne procéda pas à sa réélection comme membre du comité fédéral. En effet dans une longue intervention, il avait développé son analyse sur le thème : le parti était en train de se liquider, la crise du PCF affectait tout le parti, avec des causes diverses depuis son silence sur les erreurs de la politique de l’URSS vis-à-vis de Tito en passant par la mauvaise analyse de la crise ou les choix faits lors des candidatures aux élections. Il insistait surtout sur la faiblesse des directives apportées par les cinq membres du comité central qui avaient suivi la fédération.

Alain Signor, après la fin de son détachement comme parlementaire, réintégra l’Éducation nationale et demanda sa mutation en région parisienne. Il reprit en octobre 1956 du service dans l’enseignement à Issy-les-Moulineaux où il habitait, d’abord, puis à Brest, jusqu’à l’heure de sa retraite, en 1959. Il se retira à Pont-l’Abbé et consacra dès lors ses loisirs à la recherche historique. Puis il partit pour la Côte d’Azur pour des raisons de santé.

ŒUVRE : La Révolution à Pont-l’Abbé, , Paris, Livre Club Diderot, (Prix de la Cité, 1969), 424 p. — Souvenirs d’un militant.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13033., F7 15477, dossier 151. — Arch. PPo. 88. — Arch. de l’Assemblée nationale. — RGASPI, 495 270 17, 517 1 1864. — Archives du comité national du PCF. — Télégramme de Brest et de l’Ouest, 18 décembre 1969 et 9 novembre 1970. — France d’abord, mars 1970. — Action laïque du Finistère, mars 1970. — Préface d’Yves Le Gallo à la Révolution à Pont-l’Abbé. — DBMOF, notice par G-M Thomas. — Eugène Kerbaul, Dictionnaire biographique des militants ouvriers du Finistère, 1918-1944, 1974 et 1640 militants du Finistère, Bagnolet, chez l’auteur, 1988. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la 4e République, maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — Sophie Richard, Les instituteurs publics et la vie scolaire dans le Finistère de 1939 à 1945, maîtrise d’histoire, UBO, Brest, 1998.. — Notes. de P. Emmanuelli, d’E. Kerbaul et d’Antoine Olivesi.

Pour citer cet article : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article131174, notice SIGNOR Alain, Pierre, Marie [LE SIGNOR dit] par Christian Bougeard, Jacques Girault , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 8 septembre 2015.


Son nom a été donné à une rue de Pont L’Abbé, la rue Alain Signor.

1950 fut, dans le contexte de la lutte contre la guerre d’Indochine, des mouvements ouvriers et populaires dans un climat d’exaspération sociale liée à la misère, et de guerre froide, une période d’anti-communisme d’Etat très violent: ainsi les députés communistes du Finistère, Alain Signor et Marie Lambert, furent emprisonnés cette année-là pour avoir manifesté contre la guerre d’Indochine, comme Jacques Duclos, lui-même, pourtant figure de la résistance.

Alain Signor cité dans les archives de l’École Normale du Finistère

Préface du livre d’Alain Signor

Interview de sa fille Élise dans le journal Le Télégramme en 2019

A la mémoire des fusillés de Poulguen, par Alain Signor

A LA  MEMOIRE DES FUSILLES DE POULGUEN par Alain Signor en 1964 

Le  8 mai dernier (1964), dans toutes les communes de France, a été commémoré l’Armistice du 8 mai 45. Au Guilvinec, à Treffiagat et Penmarc’h, cette cérémonie a  été marquée par un dépôt de gerbe au monument aux Morts. La plupart des participants se sont ensuite rendus au monument des fusillés de Poulguen, Poulguen où, d’avril à mai 1944 (voici donc 20 ans), tombèrent avec un grand courage 33 combattants de la Résistance.

Deux républicains espagnols y achevèrent leur héroïque combat pour la liberté, mêlant un sang généreux à celui de nos compatriotes . Plus tard les bourreaux hitlériens, après avoir abattu sur le territoire de leur commune natale les deux frères Volant, de Plobannalec-Lesconil. vinrent enfouir leurs cadavres dans le sable abreuvé de sang de Poulguen. Au total 35 patriotes y trouvèrent une fin glorieuse.

Leurs noms sont gravés dans le granit du monument érigé en 1947 à l’initiative de la municipalité de Penmarc’h, sur les lieux même du massacre, sauf pour quatre d’entre eux, non identifiés et qui y figurent sous l’inscription : «  quatre Anonymes » .Quatre soldats sans uniforme, de la  liberté et de l’indépendance, soldats aux noms perdus, d’autant plus chers, s’il est possible, à nos cœurs.

Ces combattants étaient tous des travailleurs : ouvriers, paysans, marins, artisans, commerçants, enseignants, fonctionnaires…

La noble figure du docteur Nicolas, né à Pont-L’Abbé , le 16 décembre 1879, domicilié à Concarneau représentait les professions libérales. C’était aussi le doyen d’âge de tous ces héros. Il aurait pu être le père, et même le grand-père de beaucoup d’entre eux.

Ce qui frappe, en effet, c’est leur jeunesse. La plupart étaient Finistériens; mais l’Ille-et-Vilaine, L’Eure-et-Loir et la Région parisienne y étaient aussi représentés, et, nous l’avons vu les Républicains espagnols . Ce qu’ils avaient tous de commun, c’était la haine de l’oppression, l’amour de la liberté, la volonté d’une vie  meilleure dans un monde libéré de la servitude.

Nom et prénoms                    date de naissance       lieu de naisance     Résidence
Quatre anonymes
MORENO (pseudo) Joseph           15.09.1915          Madrid (Espagne)        Réfugié en France
GARCIA Martin Antonio              13.0.1911              Avila  (Espagne)           idem
LE GALL François                       09.11.1923                   ?                        Saint_Grégoire(IetV)
CARON William                             18.02.1919                  ?                    Sorel-Moussel (EetL)
COCHERY René                          06.01.1914          Chartres (E et L)          Morlaix
BEVIN Yves                                 09.01.1921          Peumerit ( Fin.)        Vitry-sur-Seine
LANCIEN Jean-Louis                  05.05.1921          Scaër                          Scaër
QUEINNEC Arthur                      18.09.1919          Quimper            Quimper
LE PORT Charles                          2301.1920           Quimper             Quimper
VOLANT Marcel                        04.08.1916           Quimper               Quimper
KERGONNA Marcel                 08.09.1919             Beuzec-Cap-Sizun    Quimper
PLOUZENNEC Pierre               12.05.1920         Plogastel-Saint-Germain  Quimper
CAM  Maurice                            20.06.1919             Pont-De-Buis           Pont-de-Buis
NORMANT Robert                    30.07.1919         Plouhinec                    Plouhinec
VOLANT Antoine                       20 ans           Plobannalec-Lesconil  Plobannalec-Lesconil
VOLANT Yvon                            30 ans                              idem               idem
GRALL Henri                             07.01.1922          Pleyber-Christ            Pleyber-Christ
BOURLES Jean                          11.06.1920            Pleyber-Christ            Pleyber-Christ
CREAC’H Albert                        07.08.1920                           idem             idem
PHILIPPE François                     22.09.1920                   idem                  Landivisiau
LE BUANEC Arthur                   01.09.1919            Guerlesquin                 Morlaix
LE SIGNOR Roger                     29.12.1919            Camaret-sur-Mer Camaret-sur-Mer
COAT Paul                                 03.03.1925             Brest St Marc              Brest
TANGUY Hervé                         25.01.1926                    idem                     idem
PAUGAM Roger                        12.10.1923                    idem                     idem
LE BAUT Roger                         17.09.1921                    idem                     idem
BRUSQ  Emmanuel                     13.08.1923              Audierne               Audierne
SIMON Jean                              09.10.1924                    idem                  idem
CADIC Eugène                           14.04.1921               Bannalec                Bannalec
LOREC Eugène                          10.04.1920             Pont-L’Abbé              idem
Dr NICOLAS Pierre                   16.12.1879                   idem                 Concarneau

Les Résistants étaient astreints à la stricte observation des règles de la clandestinité. La moindre indiscipline en ce domaine pouvait entraîner de redoutables conséquences. C’est pourquoi de leurs épreuves, de leurs combats, de leurs succès comme aussi de leurs revers, il subsiste peu de traces écrites, car l’ordre était, ici, inflexible : il fallait détruire toutes les traces écrites susceptibles de renseigner l’ennemi.

Toutefois, voici deux témoignages : l’un émane de Jean-Roland PENNEC de Camaret-sur-Mer, plus connu de ses compagnons d’armes sous le pseudonyme de « Capo ». L’autre vient  d’un douanier allemand de la Gast de Guilvinec, recueilli par un de ses collègues d’Audierne et rapporté par Francis POSTIC, ancien maire de cette dernière commune et ancien douanier lui-même.

« Capo » avait 23 ans lors de évènements dramatiques de Poulguen. Ce n’est qu’à une énergie indomptable qu’il  dut de ne point partager le sort de ses infortunés compagnons.

Très tôt, sa volonté de combattre l’envahisseur les armes à la main le conduisit à s’enrôler dans les F.T.P.F., avec une poignée de Camarétois aussi décidés que lui à la lutte. Affecté au maquis de Spézet, il entra, avec son ami Roger SIGNOR dans l’unité de choc constituée en 1943 et placée sous le commandement de Yves BEVIN, professeur à Vitry-sur-Seine.

L’unité comprenait d’autres résistants connus pour leur bravoure : Jean-Louis LANCIEN de Scaër , Fernand AUMEL, probablement de Callac ( Côtes du Nord), Jean-Louis DERRIEN de Plonéour-Ménez, leur agent de liaison et un Camarade juif dont « Capo » ignorait l’identité et dont il pense qu’ils seraient parmi les « anonymes » de Poulguen.

Cette unité harcela l’ennemi dès sa constitution ; elle battait un vaste secteur de la Montagne Noire. Admirablement renseignés, elle frappait les postes isolés, mitraillait les cantonnements, les transports, faisait sauter les dépôts de munitions et de matériel de guerre. L’objectif atteint la troupe s’évanouissait, puis se regroupait sur des bases éloignées.

Cependant Yves BEVIN fut arrêté au Fell en Spézet, en 1943, avec son agent de liaison et un autre camarade. Condamnés à mort, ils furent exécutés à Poulguen. L’unité reconstituée,

Le commandement en fut confié à « Capo ».

Au début de l’hiver 1943-44, elle reçut la mission de transférer cinq aviateurs américains dans les Côtes-du-Nord. La tâche accomplie, l’escorte s’arrêta à Gourin sur le chemin du retour ; elle fut hébergée à l’hôtel-restaurant Perrot, près de la gare. A ce moment « Capo » contracta une forte grippe et dut garder le lit. Il demanda en vain à ses compagnons de quitter l’hôtel-restaurant, mais aucun ne voulut le laisser seul. Deux jours plus tard , ils y étaient encore. Au cours de la dernière nuit passée à l’hôtel, 200 Allemands transportés par camions, cernèrent l’immeuble. Jetés dehors, en chemise, les mains levées et aveuglés par les phares des camions, Capo et ses compagnons demeurèrent deux heures durant exposés aux morsures d’un froid glacial. Emprisonnés d’abord à Carhaix, privés de toute nourriture et de boisson pendant trois jours, ils furent ensuite transférés à la prison Saint-Charles de Quimper. Tous furent condamnés à mort. Ils se retrouvèrent à dix dans le cachot destiné aux condamnés à mort. Aussitôt, ils entreprirent de s’évader, se procurèrent une corde, peu solide hélas, percèrent le plafond de la cellule puis la toiture. Selon l’ordre déterminé; Capo sortit le premier suivi de Jean-Louis DERRIEN. Lorsque Roger SIGNOR, plus corpulent parvint presqu’à la toiture, la corde se rompit. Les huit patriotes qui restaient furent exécutés à Poulguen en avril-mai 1944.

Pour terminer cette évocation et faire toucher du doigt – notamment aux jeunes générations- le courage inouï de ces hommes , nous rappellerons l’exemple de Manu BRUSQ d’Audierne. Ce témoignage nous vient d’un douanier allemand de la  GAST  (Douane allemande) du Guilvinec, recueilli par un de ses collègues d’Audierne et que nous a rapporté Francis Postic, ancien maire de cette commune et ancien douanier lui-même.

Manu Brusq, jeune homme athlétique. Dynamique, très intelligent et cultivé, était l’homme des coups de main spectaculaires, I’homme « sans peur ». Il avait du mal à se contenir et sa témérité frisait apparemment l’inconscience du danger comme en témoigne son dernier acte avant son exécution.

Alors que les condamnés arrivaient au lieu désigné pour leur exécution, encadrés par les soldats allemands, fusils chargés, baïonnette au canon, un capitaine commit l’imprudence de s’approcher trop près des patriotes pour lancer un ordre aux soldats de tête. D’un geste frénétique, Manu BRUSQ s ‘empara du petit sabre de l’officier et le tua. Presque massacré à coups de crosses, il fut fusillé quelques minutes plus tard.

Ni chez Manu, ni chez ses camarades, il n’y avait la moindre inconscience du danger. Bien au contraire, ils étaient bien placés pour apprécier la sauvagerie de l’ennemi et savaient pertinemment à quoi ils s’exposaient, mais leur détermination venait d’abord de leur haine d’un oppresseur particulièrement féroce, mais aussi dans ce que, dans le combat, ils s’étaient aguerris et connaissaient parfaitement ses insuffisances et ses faiblesses.

A l’heure où certains s’efforcent de ternir l’image de la Résistance, de réhabiliter quelques criminels nazis, où certaines organisations d’extrême-droite se réclament ouvertement de l’idéologie fasciste, il était bon que soient rappelés les immenses sacrifices consentis par notre peuple pour libérer notre territoire de l’oppresseur hitlérien.

Alain Signor, Député du Finistère

 

Trafic d’armes à Léchiagat en 1942

TRAFIC D’ARMES A LÉCHIAGAT en 1942

(Pierre-Jean BERROU  DANS «  La Résistance-La Libération au GUILVINEC-LECHIAGAT »,  Bulletin Municipal « AR GELVENEG »

Ce fait de Résistance exceptionnel pour l’époque a été relaté dans de nombreux ouvrages (Clandestins de l’Iroise…) et de journaux (Travailleur Bigouden…) auxquels on peut se référer.

Un trafic d’armes venues d’Angleterre par containers, réceptionnées le 6 Août 42 par le langoustier « L’Audacieux » et mouillées aux Glénan, déclencha une répression immédiate avec perquisitions, fouilles, arrestations et dislocation du noyau de Résistance communiste de Léchiagat. Les armes arrivèrent au port le 15 Août 1942, mais une lettre du 14 placée sous le sceau du secret transmise par le commissaire Soutif des R.G. au Préfet, d’après un renseignement de la police allemande du 12 Août, préparait déjà un coup de filet dans les milieux communistes de Léchiagat. (archives des renseignements généraux).

Le rapport Soutif

« Le chef de poste de douane allemand de Léchiagat a reçu d’un informateur une déclaration aux termes de laquelle il existerait à Léchiagat un « Centre de Résistance » composé d’individus ayant appartenu au parti communiste ou ayant des sympathies pour le communisme ou le gaullisme. Ces derniers auraient constitué un dépôt d’armes parmi lesquelles se trouveraient une mitrailleuse et des munitions. Des réunions auraient lieu, des tracts seraient confectionnés et distribués. Voici la liste des personnes soupçonnées d’appartenir à cette organisation: Larnicol Jean Désiré, ex-maire de Treffiagat, Hénot (sans désignation de prénom) maçon, Le Coz Jean, menuisier, Quiniou Louis (?) marin-pêcheur, Bolloré, Larnicol Pierre Jean, tailleur, le Goff, instituteur.

Les réunions auraient lieu chez le Coz, Larnicol, les soeurs Charlot (café de la Pointe) ou chez une veuve Cossec , tenancière d’un maga­sin de chaussures. Parmi ces personnes, trois (les deux Larnicol et Le Coz) sont connues comme ayant appartenu au parti communiste.

Il a été convenu entre le chef de service alle­mand et moi-même que je procéderai à une enquê­te préliminaire et qu’ensuite, des perquisitions seraient faites à Léchiagat par les polices alleman­de et française travaillant conjointement. Le concours de la gendarmerie devra être sollicité… « .

Une autre lettre de la même date signée du chef de l’aussenKommando Hoth fait état de deux correspondants, dont le garde-champêtre, et signale un plan sur lequel sont repérées les habitations des personnes soupçonnées.

Ce document authentique révèle entre autres– si ce n’était déjà prouvé la collaboration de l’Etat français avec les Allemands par l’utilisation de sa police dans la répression contre la Résistance, et dans la surveillance particulièrement minutieuse des habitants de Léchiagat.

Un nid de Résistance à Léchiagat

Treffiagat, Le Guilvinec et Concarneau furent en 1935 les seules municipalités communistes de toute la Bretagne. A la suite du pacte germano-soviétique, le gouvernement français décida en 1939 la suppression du parti communiste et plus tard la dissolution de toutes les municipalités dirigées par le P.C. Au Guilvinec Marc Scouamec et les 16 conseillers furent remplacés par une délégation spéciale dirigée par M. Pérodeau puis sous l’occupation par Mr le Nivez officier de marine en retraite. A Treffiagat, Jean Désiré Larnicol démissionné fut supplanté par M. Gouzien, premier-maître de la marine en retraite. Quoi de plus facile alors pour les polices française et allemande, sachant que partout le parti se reconstituait dans la clandestinité, de surveiller particulièrement les « individus » déjà fichés aux R.G. ainsi que les sympathisants, dans les agglomérations où tout le monde se connaissait.

En 1941 Jean le Coz de retour de la guerre participa avec Jean Désiré Larnicol à la timide reconstitution d’une cellule à Léchiagat en relation avec Alain Signor et déjà les R.G. soupçonneux vinrent interroger l’ancien maire sur ses activités. Étape suivante, au cours de l’hiver 41, Robert Ballenger du Comité Central séjourna 8 jours chez Jean Désiré et se promena sur le port en sa compagnie : cela ne passa pas inaperçu.

L’Humanité clandestine commença à circuler parmi les sympathisants. Jean le Coz disposait d’une ronéo cachée à Léhan dans l’étable de ses parents. Aidé de sa soeur, Mme Hénot, il tira des tracts anti-allemands qui furent distribués dans les communes voisines. Albert Hénot, le jeune neveu de 12 ans était déjà dans le secret.

Puis des paquets de tracts venus de Pont-l’Abbé transitèrent par la famille Hénot avant d’aboutir chez Arsène Coïc, cordonnier de Léchiagat qui réunissait chez lui les jeunes communistes d’avant-guerre. Parmi eux, Rodolphe Péron, Jean Larnicol se chargeaient de les distribuer poussant même l’audace jusqu’à en jeter dans la cour du bâtiment qui abritait la GAST.

En 1942, les liaisons établies avec les cellules de Lesconil, de Pont-L’Abbé, etc… renforcèrent l’organisation clandestine. La création à l’échelon national des F.T.P. (Francs- Tireurs et Partisans), favorables à une action immédiate (sabotages, attentats) nécessitait la possession d’armes.

QUEINNEC , le chef du Secteur cornouaillais réussit à se mettre en relation avec les Anglais qui acceptèrent de leur en livrer. Un rendez-vous avec un sous-marin au large des côtes fut envisagé. Restait à trouver un bateau chargé de prendre livraison de la marchandise et surtout un patron qui ne manquait pas d’audace.

Transbordements dangereux

Le patron du langoustier de Léchiagat « l’Audacieux », Michel Bolloré, déjà membre du PC, accepta malgré les risques énormes encourus. Son équipage comprenait par ailleurs quelques sympathisants communistes comme Bastien Coïc ce qui pouvait lui faciliter la tâche. Après deux rendez-vous manqués, celui du 6 août 42 fut le bon. Mais au lieu du sous-marin attendu, Oh! surprise, l’équipage vit arriver le « Mouscoul », malamock guilviniste évadé du port en Juin 40 avec les volontaires de la « France Libre ». Daniel Lomenech du réseau Johny qui fut par ailleurs l’ancien chef des traversées clandestines accomplies par Raymond le Corre, etc…, commandait l’expédition.

Tout ne fut pas aisé car des membres de l’équipage de l’Audacieux non prévenus se trouvaient malgré eux impliqués dans une affaire très grave. Dans les conteners, des mitraillettes, des revolvers, des explosifs. Voilà bien une première livraison d’armes réussie entre les gaullistes de Londres et les communistes de la France occupée.

Pour ne pas courir trop de risques en rentrant au port, l’Audacieux préféra mouiller les conteners dans les parages des Glénan où ils seraient récupérés plus tard. Le plus difficile restait donc à faire. Le 14 août Jean Baudry et Guillaume Bodéré prirent la mer à bord de leur petit canot « Entre Nous » et, tout en faisant mine de relever leurs casiers, repêchèrent une partie des armes. Deux autres canots de Lesconil devaient se charger sur reste.

Qu’on imagine la suite, le risque inouï pris par les deux pêcheurs en rentrant au port du Guilvinec en plein jour sachant que la douane allemande fouillerait partout et sans doute découvrirait parmi les casiers, 7 conteners de plus de 50 kg chacun « made in Great Britain ». Sans compter la perspicacité du « boche du » de la Kriegsmarine… La désinvolture apparente de Guillaume Bodéré qui monta prestement à l’échelle du môle pour faire vérifier les papiers du bord à la guérite de la GAST, sauva la situation. L’allemand qui avait déjà amorcé sa descente vers le canot remonta et oublia la fouille ! Ouf! « l’Entre Nous » rejoignit le fond du port et le lendemain, devant les promeneurs du dimanche, 350 kg d’armes furent chargés dans la charrette à cheval de « Youenn Kéristin » et recouverts de casiers.

Scène tout à fait inhabituelle dans le port ! La cargaison fut d’abord entreposée dans le hangar de Jean Le Coz puis transférée le lendemain chez Guillaume Bodéré à Treffiagat. Le 19 Août, les commanditaires de Concarneau étaient à pied d’oeuvre, tôt le matin pour en prendre livraison puis ils passèrent à la carrière du « Piker men » Vincent Larnicol de Lesconil où les conteners des 2 autres canots avaient abouti. Le 19 Août ce fut aussi le jour choisi pour la perquisition prévue par les polices allemande et française chez les communistes de Léchiagat.

Perquisitions, arrestations

Bien préparées à l’aide du plan de Léchiagat annoté, les perquisitions eurent lieu simultanément en 5 points différents. Les armes étant en lieu sûr, restait la possibilité qu’on découvre chez les résistants des tracts ou des révolvers prélevés dans les conteners.

A 7 h du matin la police frappa à la porte des suspects. Chez Jean Désiré elle ne trouva rien ; cinq révolvers étaient pourtant cachés dans le fond du jardin; l’interrogatoire soutenu qu’il subit ne fut guère plus positif ! Chez Laurent Hénot, un paquet de tracts traînait sur la table quand des coups répétés sur la porte résonnèrent. Mme Hénot eut présence d’esprit de les jeter dans le jardin parmi les oignons avant d’ouvrir. la maison fut mise à sac; un révolver dans un chiffon était posé sur le rebord d’une fenêtre mais passa inaperçu. Laurent Hénot, s’éclipsa entre-temps. Son fils Albert fut contraint de partir à sa recherche et de le ramener d’urgence. Il le trouva à Plobannalec d’où il était originaire mais bien évidemment Laurent ne rentra pas. Au contraire le lendemain, à un lieu de rendez-vous fixé entre eux, Albert apporta à son père des provisions et des affaires. Laurent Hénot entra ainsi dans la clandestinité pour deux ans. C’est à Saint-Evarzec qu’il se réfugia, devenant ouvrier meunier. Au bout de quelques mois il crut s’être fait oublié et commit l’imprudence de revenir. La Gestapo faillit le cueillir chez lui mais il put se cacher sur le toit de sa maison. Les perquisitions ne donnèrent rien chez Jean Le Coz, Jos Quiniou, Michel Le Goff mais les suspects étaient prévenus.

Guillaume Bodéré et Jean Baudry, dans un premier temps ne furent pas inquiétés.

Ils étaient inconnus des services de police, non fichés aux R.G. Un mois plus tard, de nouvelles perquisitions et arrestations furent à nouveau opérées à Léchiagat. Un résistant de Concarneau venu prendre les conteners avait parlé sous la torture. Guillaume réussit à se cacher mais les Allemands arrêtèrent son épouse qui séjourna en prison pendant 2 ans.

Guillaume était désormais un homme traqué vivant de cache en cache avec de faux-papiers. Ceux-ci furent obtenus par Albert Hénot au nom de Le Fur à la mairie de Plobannalec et livrés dans sa planque de Plomeur.

Jean Baudry, qu’il fut impossible de prévenir, fut cueilli à son retour de mer et emprisonné à Fresnes. Le 5 Avril 1944 il fut fusillé au Mont Valérien. Nous extrayons de sa dernière lettre ces quelques mots: « Je vous dis chères femme et enfant, je vais mourir en pensant à vous. Je te dis aussi d’avoir bon courage afin d’élever notre petite Michèle ».

Jean Désiré Larnicol réussit à s’enfuir avant l’arrivée de la police et se réfugia dans la région parisienne. Jean Le Coz ne rentra plus chez lui , se cachant chez son beau-frère Xavier Cossec. C’est pourtant là que les gendarmes du Guilvinec l’arrêtèrent, à la suite d’une indication malencontreusement donnée par son épouse; non sans s’être rebellé et bagarré contre la force publique mais celle-ci fut la plus forte. Les gendarmes oublièrent la rébellion pour ne pas aggraver son cas. En même temps, Marc Scouarnec fut épinglé. Tous deux ne furent pas livrés aux Allemands mais conduits à la prison de Mesgloaguen avant de partir au camp de Voves où des gendarmes français les surveillèrent.

Une proposition de libération leur fut offerte à condition de signer un certificat d’allégeance au Maréchal et de collaborer à l’ordre nouveau. Tous deux refusèrent. Marc Scouarnec restera interné jusqu’en août 44 tandis que Jean Le Coz et ses compagnons de baraque réussiront à s’évader et à rejoindre la Résistance locale, après avoir creusé un tunnel de150 m sous les barbelés! Inouï!

Devant cette vague d’arrestations, Michel Bolloré, S. Coïc de « L’Audacieux » se sentirent en danger. Ils pouvaient être « arraisonnés » eux-aussi à leur retour de pêche. Ils décidèrent avec le reste  de l’équipage dont Sébastien Larnicol et son père de gagner l’ Angleterre.

Arsène Coïc, responsable des jeunes résistants était lui aussi dans le collimateur de la police.

Il se savait surveillé puisque le garde-champêtre vint plusieurs fois chez lui s’assurer de sa présence à la maison. Le 13 Octobre 1942 il fut arrêté par un civil et un gendarme. Déporté à Buchenwald il put y exercer son métier de cordonnier ce qui lui sauva la vie.

« Si tu tombes.. un autre prend ta place ». Michel Le Goff, jeune instituteur poursuivit l’action entreprise par les vieux militants. Les FTP redé­marrèrent progressivement à Léchiagat. Ils furent environ une vingtaine dont Lucien et Georges Pochat, René Credou, Lucien Quideau, etc. dis­tribuant les tracts la nuit, déchirant les affiches alle­mandes ou vichyssoises et bientôt marquant les murs du V de la victoire. Les armes manquaient cruellement. Mais qu’étaient devenues celles des containers?

Les liaisons furent surtout rétablies avec les résistants de Lesconil, mission dont se chargea plusieurs fois Albert Pochat et parfois une jeune fille, C. Paubert.

Albert Hénot le futur maire de Treffiagat accomplit ainsi des actes de résistance à un âge où ses camarades jouaient encore aux gendarmes et aux voleurs, en culotte courte. Même s’il était fort pour son âge cela devait être un cas exceptionnel.


Ci-joint un article de journal du 4 août 1946 intitulé « Les marins-pêcheurs de Léchiagat dans la Résistance »